Road-trip au Pays de Galles – Jour 1: un pays de Conte de fées

Le programme de la première journée du road trip était plutôt organisé : j’avais regardé soigneusement les distances – pas trop de conduite -, les activités – pas trop à visiter – pour ne pas démarrer les vacances en étant exténués dès le premier jour, j’avais ainsi prévu seulement deux arrêts entre Chepstow et la ville de Brecon où nous logions le soir même : l’abbaye de Tintern et la ville de Hay-on-Wye.

Le  sud du Pays de Galles se prête particulièrement à un road trip car les trajets en voiture valent en soi leur pesant d’or. Ce n’est pas que les paysages soient les plus incroyables qu’on puisse voir, c’est avant tout parce que rouler sur ces petites routes de campagne nous fait pénétrer dans un royaume enchanteur. Pour ceux qui connaissent le jeu de société « King Domino » je décrirais le Pays de Galles comme le pays de King Domino : autour d’un château – en ruine le plus souvent – s’étendent des champs, des rivières, des forêts et même des mines, un territoire que l’on sillonne lentement sur des routes qui ondulent à travers les collines.

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L’abbaye de Tintern – le romantisme à la galloise

C’est sous un rayon de soleil, après avoir traversé la rivière sur un charmant vieux pont, qu’apparaissent les majestueuses ruines de l’abbaye de Tintern.

Plus émouvantes encore que les abbayes de la Seine, les ruines de Tintern donnent l’impression d’être arrivé tout droit dans un conte de fée. Construite dans un des méandres de la rivière Wye, ceinte de collines recouvertes de forêts de conifères, rien ne laisse deviner qu’on va trouver à cet endroit les vestiges d’une abbaye cistercienne. Tinter appartient en effet au même ordre religieux que l’abbaye de Fontenay dont je vous ai parlé dans un précédent article sur la Bourgogne.

Fondée en 1131, elle a été dissoute en 1536, peu après la rupture avec l’Eglise romaine. C’est Olivier Cromwell qui initie un vaste mouvement de dissolution des monastères dans toute la Grande-Bretagne dans le but premier de récupérer les biens des monastères, ce mouvement est d’ailleurs précédé d’un “inventaire” pour mieux connaitre les richesses des monastères. Le site de l’abbaye fut ainsi cédé au comte de Worcester qui se servit des bâtiments comme logement mais aussi comme carrière de pierre.

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Tintern a connu un regain d’intérêt au XIXe siècle à la période romantique. Le peintre William Turner a peint a plusieurs reprises le transept de l’abbaye de Tintern sous les lierres, fidèle au thème si romantique de la nature et du temps qui passe. Le Pays de Galles a ainsi été un des lieux de prédilection des romantiques britanniques grâce à ses abbayes et ses châteaux en ruine, et un tourisme aristocratique s’y est développé très tôt.

 

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On comprend aisément ce qui a conduit Turner et d’autres à sublimer ces ruines. Si les racines ne recouvrent pas la pierre, la nature alentour donne un aperçu de ce qu’a pu être Tintern à cette époque de redécouverte du patrimoine. L’immense nef et la forêt de piliers s’ouvrent sur la forêt toute proche qui coupe l’abbaye du monde extérieur. Finalement peu importent les informations sur la vie de Tintern au Moyen-Âge, errer entre les ruines, s’asseoir sur un banc pour contempler les environs suffit. L’âme romantique est encore bien vivace ici.

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Le cimetière de Crickhowell avec en fond les montagnes de Brecon Beacons

Hay-on-Wye, la ville-librairie

Il est déjà temps de repartir : direction l’étonnant village de Hay-on-Wye. Pour nous y rendre nous décidons de passer par le Pays de Galles, à l’ouest de la Wye, plutôt que par l’Angleterre, il parait que « c’est bien plus joli le Pays de Galles ». (Que nenni, c’est rigoureusement le même paysage). Mais plutôt que de filer tout droit au nord, on décide de s’arrêter dans la petite ville de Crickhowell pour y pique-niquer. On a fait le plein de victuailles le matin même au Tesco et on déniche un petit parc avec vue sur les premières montagnes du parc de Brecon Beacons. Le paysage est surprenant, des champs s’étendent jusqu’aux trois quarts de la montagne qui devient d’un seul coup presque pelée. Le vert domine partout, et les photos ne rendent pas vraiment justice à la beauté des lieux, mais notre premier contact avec le parc de Brecon Beacons est une réussite.

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Aire de pique-nique à côté de la rivière à Crickhowell

Nous traversons quelques montagnes – grosses collines pour être plus exacte – et bifurquons vers l’ouest, vers Hay-on-Wye.

Hay-on-Wye est une ville étonnante, plutôt petite, elle n’est pas particulièrement pittoresque mais s’est développée sur un modèle original : c’est une ville-librairie. En 1960, un jeune libraire du nom de Richard Boots décide d’acheter le château d’Hay-on-Wye et d’en faire une librairie, puis il achète de plus en plus de maisons du centre ville pour y stocker toujours plus d’ouvrages. Peu à peu la ville se couvre de librairies, de bouquinistes, on en dénombre aujourd’hui  une vingtaine, certaines très spécialisées, la plupart vendant surtout des livres d’occasion. Toutes ne valent pas le coup d’œil, à moins d’être un bibliophile, mais une balade dans la ville permet de découvrir des librairies particulières: c’est un peu le Disneyland des passionnés de lecture.

 

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Richard Booth’s booskhop

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On a passé un certain temps à arpenter diverses librairies thématiques: la librairie Murder & Mayhem, spécialisée dans les thrillers et polars, la clock tower books qui possède un gros rayon de livres jeunesse, Hancock and Monks, la librairie musicale. Mais la plus impressionnante est surement la librairie généraliste Richard Booth’s Bookshop et ses trois étages qui ravira n’importe quel lecteur avec sa verrière au dernier étage et ses canapés qui donnent envie de passer la journée à bouquiner. Une librairie a également trouvé refuge dans un ancien cinéma, le Hay cinema Bookshop, mais on n’est pas allé la voir. Malheureusement, comme partout, les librairies ferment de plus en plus dans cette ville-librairie ; un festival du livre d’occasion a cependant lieu fin mai, début juin, un rendez-vous qui doit redonner tout son panache littéraire à la ville.

 

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Sans avoir acheté de livre – j’aime bien ça mais en étant bibliothécaire j’en achète de moins en moins il faut bien le dire – nous repartons pour Brecon, la ville principale du parc de Brecon Beacons où nous logerons deux nuits pour avoir le temps de faire une randonnée. Un beau soleil nous accompagne pour ce qu’il reste de trajet et c’est les vitres ouvertes et le sourire aux lèvres que nous pénétrons dans le parc pour de nouvelles aventures.

 

 

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