Un automne en couleur: randonnées vosgiennes

 

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Je poursuis ma découverte de l’Alsace par une visite dans les Vosges. C’était le grand but de mon automne ici : faire une randonnée dans la forêt vosgienne, avec de superbes points de vue sur toute cette étendue multicolore. Vision idyllique de l’Alsace, de la nature et de l’automne. J’ai réussi à faire cette randonnée et avoir ces super points de vue, mais petite déception : je n’avais pas pensé qu’en faisant une balade en forêt ce que je verrais ce serait surtout des arbres, des racines, encore des arbres et le tout en quantité suffisamment dense pour apercevoir assez peu le paysage. Alors j’ai séparé le plaisir en deux : une journée pour s’en mettre plein les mirettes – enfin surtout une petite heure sur un super point de vue du mont Saint-Odile, où je suis retournée par la suite pour une vraie balade-, et une autre pour faire une balade dominicale dans les bois dans la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines avec parcours historique à la clé. C’était tout comme je l’avais voulu avec la bonne soupe forestière dans une ferme vosgienne en prime !

Attention, article un peu long!

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  • Le mont Sainte-Odile

C’est la première rando qu’on m’a conseillée quand je suis arrivée ici. Il en existe plusieurs qui débutent au mont Saint-Odile ou qui y passent. Ce mont, qui s’élève à 764m d’altitude est l’un des plus connus d’Alsace et offre une vue imprenable à la fois sur les Vosges et sur la plaine d’Alsace. C’est beau. Pourquoi le plus connu d’Alsace ? Parce que au sommet du mont se tient un monastère abritant le tombeau de Sainte-Odile, la patronne de l’Alsace, et c’est le lieu de pèlerinage numéro 1 en Alsace.

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Pour ne pas mourir idiote j’ai pris quelques notes sur cette fameuse sainte-Odile, et parce que les histoires de saints sont toujours plutôt sympas et rocambolesques, je vous raconte ça en quelques mots : Sainte-Odile est la sainte patronne de l’Alsace, née dans le village d’Obernai à l’époque mérovingienne – son papa s’appelle très simplement Etichon-Adalric, nom typiquement Austrasien – et il lui est arrivé, comme à la plupart des saints, quelques bricoles. Elle commence par naître aveugle, déshonorant la famille par son handicap; elle est donc envoyée dans un monastère où elle est guérie par l’évêque Erhard de Ratisbonne, mais elle reste exilée. Son frère prend sa défense et la fait revenir, le papa, pas content qu’on lui désobéisse, tue sa progéniture, ce qu’il regrette amèrement par la suite et décide alors de pardonner à sa fille.

C’est à ce moment qu’Odile reçoit la visite de saint Jean-Baptiste qui lui demande de fonder l’abbaye de Hohenbourg, aujourd’hui Sainte-Odile, sur un mont des Vosges qui surplombe Obernai. Ses ennuis ne sont pourtant pas finis : elle meurt quelques temps plus tard mais trop rapidement pour qu’on puisse lui administrer les derniers sacrements. Quelle injustice pour cette sainte qui avait, entre temps, accompli deux, trois miracles ! Les religieuses parviennent à faire revenir son âme pour recevoir ENFIN la communion portée par un ange. S’éteint alors Sainte-Odile qui deviendra la figure de l’Alsace canonisée par le pape Léon IX – pape lui-même alsacien – au XIe siècle, puis désignée patronne de l’Alsace par Pie XII au XXe siècle.

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Le Mont Sainte-Odile n’est  pas connu seulement pour son abbaye : tout autour du mont se dresse, ou plutôt se dressait, un mur appelé « Mur païen » antérieur à l’époque romaine. Ce mur serait une des grandes énigmes archéologiques, encerclant la montagne autrefois lieu de culte païen – pour les Celtes comme pour les Alamans. Il reste assez peu de vestiges de ce mur, ou en tout cas pas suffisamment pour se faire une idée de ce que ça pouvait être lors de sa construction.

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Plusieurs balades permettent de longer le mur sur un nombre variable de kilomètres et de faire ainsi un petit tour sur le mont pour observer le panorama sur la plaine d’Alsace, lorsqu’il fait très beau on peut même voir la forêt noire. La rando que j’ai faite durait une heure, rien de bien méchant, parfait pour un dimanche en famille. Il faisait beau et beaucoup trop doux pour un milieu de mois de novembre, on entendait le vent qui grondait sur les cimes des sapins mais beaucoup trop d’arbres pour qu’il n’arrive jusqu’à  nous. La vue depuis le Mont est toujours aussi belle, mais deux semaines plus tard il n’y a plus ces jolies couleurs d’automne. D’ailleurs à l’heure où j’écris il n’y a plus aucune couleur du tout puisque les Vosges dont devenues toutes blanches. Et j’ai hâte d’y retourner pour voir ça !

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  • Le Val d’Argent et Sainte-Marie-aux-Mines

La seconde rando que j’ai faite était dans le Haut-Rhin – au sud de l’Alsace donc – dans une vallée appelée le val d’argent. Sur le col de Sainte-Marie, situé au-dessus du village de Sainte-Marie-aux-Mines, coin un peu boudé par les alsaciens parait-il. Nous avons randonné sur le chemin des soldats, dans la forêt toujours, à l’emplacement de l’ancienne frontière entre la France et l’Allemagne, frontière actuelle entre le département du Haut-Rhin et celui des Vosges. La borne frontière de 1871 se dresse d’ailleurs toujours sur le parking. Ce n’est pas le seul vestige de cette rando : entre les bois, les fougères et les quelques supers points de vue sur la vallée, on trouve des blockhaus de la première guerre mondiale avec quelques panneaux justifiant le nom du chemin. Frontière disputée en 1914 des combats ont évidemment eu lieu à cet endroit stratégique, et ces ruines donnent froid dans le dos.

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Le col de Sainte-Marie a été un lieu de passage très fréquenté depuis le Moyen-âge: frontière, il est à la fois zone de dispute, les villages de part et d’autre du col sont souvent ravagés, et zone de transit en temps de paix. La région est notamment très touchée par les guerres que Louis XIV mène en Hollande et ses troupes passent à plusieurs reprises le col. Mais la grande guerre qui  est restée dans les esprits en Alsace c’est la guerre de Trente ans (1618-1648) qui a opposé les français aux Habsbourg d’Autriche et où se sont distingués les Suédois, alliés des Français, par leur habileté à tout détruire : des retranchements sont ainsi construits sur le col, pareils à ceux de la 1ère guerre mondiale, en prévision du péril suédois.

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Je me suis un peu étendue sur les indications historiques, on retrouve vite ses mauvaises habitudes, mea culpa. Au-delà de son intérêt historique la rando, en cette période du moins, offre un vrai dépaysement : loin de tout, dans une forêt qui arbore encore ses couleurs d’automne, dans une région d’Alsace peut-être un peu plus sauvage que le reste. Deux heures de calme avec même pas trop de montées, juste ce qu’il faut pour entretenir ses muscles fessiers. Ce que j’ai préféré ? Le pique-nique sur le col surplombant la vallée verte, orange et rouge, le soleil qui se montre juste à ce moment, idéalement pour piquer un petit somme en écoutant les bruits de la forêt.

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Dernière anecdote, et non des moindres : c’est de cette vallée que viennent les Amish. Alsace, le berceau des Amishs, qui l’eût cru ? Le fondateur du mouvement amish, Jacob Amman, n’est autre qu’un Suisse exilé en Alsace au XVIIe et qui a fondé ici une variante du culte protestant, plus austère. Mais à cette époque Louis XIV décide que non, vraiment, il n’aime pas les protestants et demande à ses sujets de changer de religion ou de s’exiler. Les Amish partent donc pour Amsterdam et de là prennent un bateau pour le nouveau monde afin d’y exercer leur liberté de conscience dans l’Etat tolérant de Pennsylvanie. Il parait même que certains Amishs parlent encore un dialecte ressemblant fort à l’Alsacien.

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